LE SILLON, Marc SANGNIER et le journal LA DEMOCRATIE
Pourquoi vous parler du Sillon, de Marc SANGNIER et du journal la Démocratie ? Quel rapport avec l’AAPN ? En voici la raison.
Ce 16 mai 2025 s’est tenu le repas de printemps de notre Amicale dans le restaurant La Démocratie, restaurant installé dans des locaux historiques que nous allons évoquer.

Mais, reprenons en suivant un ordre chronologique.
Marc SANGNIER est né en 1873 dans le milieu bourgeois parisien, d’une éducation très chrétienne. Elève brillant, il obtient un prix de philosophie au Concours Général puis intègre l’Ecole Polytechnique où, avec quelques collègues, il crée un journal philosophique, le Sillon. Il complète ses études scientifiques par une licence de droit. Un polyvalent du savoir !
Le Sillon, à la publication épisodique, vise alors à rapprocher l’église catholique du monde du travail, peut-être pour faire contrepoint à des organisations de gauche, qu’elles soient marxisantes ou franc-maçonnes, sans pour autant tomber dans une vision de droite ni d’extrême droite. Cela vaudra à Marc SANGNIER, lors des réunions qu’il organisera, des perturbations tant de l’extrême gauche marxiste que de l’Action Française aux relents royalistes et antirépublicains. Son leitmotiv était, redisons-le, de réconcilier la République avec le catholicisme.
Paradoxalement, les problèmes ne vont pas venir de ces deux tendances ultras mais de la hiérarchie catholique qui, après avoir approuvé le mouvement dans un premier temps (voir l’encyclique « rerum novarum » du pape Léon XIII), n’entendit pas voir se développer une hiérarchie parallèle et concurrentielle. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 va exacerber cet antagoniste. Le divorce est acté en 1910.
Marc SANGNIER crée alors le journal la Démocratie (journal qui disparaîtra en 1933). Il en évoque la mise en place dans la revue du Sillon de janvier 1910, revue que j’ai pu me procurer.
« Il y a une place à prendre et notre journal ne risque pas de faire double emploi avec aucun autre. Ils sont nombreux en France ceux qui joignent à des convictions chrétiennes, ou même simplement idéalistes, l’esprit républicain et une invincible espérance en l’avenir de la démocratie qu’aucune désillusion n’a su tuer. Ils n’ont pas accepté de se résigner à ce que l’âme généreuse de la France soit pitoyablement écrasée entre le bloc des réactions qui prétendent combattre au nom de la religion et le bloc de l’anticléricalisme qui se donne comme le champion de la République (…) A tous ceux-là, notre journal apparaîtra comme l’ami que l’on accueille avec d’autant plus de joie reconnaissante qu’il tardait davantage à venir ».
Comment pourrait-on classer Marc SANGNIER ? Catholique convaincu, très respectueux du pape et de la hiérarchie catholique, aujourd’hui, on pourrait le qualifier paradoxalement de Gaulliste de gauche (il fut député MRP après guerre, jusqu’à son décès en 1950).
Donc pour en revenir à notre repas, le siège du journal est devenu un restaurant qui a transformé la salle de rédaction en une salle privatisable pour des banquets.
Voici quelques photos de l’endroit, d’une décoration surannée avec plusieurs références au Sillon et aux réunions qui s’y tinrent. Dans un coin de la salle, à côté d’une statue, trône une pile de revues du Sillon consultables par les convives, ce que Bernard Pourchet nous a incité à faire pour parachever mon intervention du début de repas.




En complément à ces photos, voici une médaille commémorative à la mémoire de Marc SANGNIER (ou à sa gloire, allez savoir qui est à l’instigation de cette médaille !) Cette médaille est l’œuvre de Lucien BAZOR, graveur à la monnaie de Paris.
Au recto, on y voit son profil vraisemblablement inspiré de ses dernières années d’existence. Le verso de cette médaille (comme généralement pour toutes les médailles) présente un intérêt symbolique plus intéressant.
On y trouve, en médaillons, trois lettres : le S de Sillon, le D de Démocratie, et le RF de République Française.
Les deux premiers médaillons sont complétés par un feuillage de gui, qui dans la symbolique romaine évoquait la paix, l’amour et la compréhension. Quant à la république, elle est assortie de son feuillage habituel d’olivier.
On trouve également des feuilles de chêne, symbole de la force et de la puissance, feuilles accompagnées d’épis de blé, symboles de la ruralité d’époque de notre pays.
En complément, une charrue, en charge… de tracer le Sillon.
Le tout est assorti d’une maxime très en accord avec le pacifisme, courant de pensée personnifié par notamment Aristide BRIAND, ceci dans la période de l’entre deux guerres. Rappelons également, pour mémoire, la citation que l’on prête à BRIAND :
« la loi doit protéger la foi, aussi longtemps que la foi ne prétendra pas dire la loi ».
Bon résumé de ce que fut Marc SANGNIER.
Merci pour m’avoir lu jusqu’au bout !
Patrick Viau.